Le Muguet

Président: Madame Elodie Praz (079 600 35 58 ou elodie.praz@gmail.com)

Une sélection de morceaux du chœur

Le texte qui suit est tiré du carnet de fête du festival de 1985.

1944. Le pays vit de dures années. La Guerre a fait suite aux sinistres souvenirs de la crise. Depuis quelques années déjà les sociétés locales ont suspendu leurs activités.
A Aproz, comme en d’autres endroits d’ailleurs, la jeunesse s’impatiente. L’austérité des temps ne lui sied point. Les jeunes se mobilisent à l’initiative de quelques-uns : Louis Clerc, Charly Darioly, Marc Fournier émettent l’idée d’une fête villageoise, quelle audace; Edouard Bornet se charge de se procurer les autorisations nécessaires auprès des autorités.
Le Nouvelliste Valaisan fait l’invitation dans son numéro du 12.8.1944 :

« Depuis de longues années, le petit village d’Aproz ne connaît plus la festivité.
Cependant, après une période de labeur ardu, durant laquelle les soucis et les difficultés ne manquèrent à personne, il est agréable à chacun d’apprendre que la jeunesse de l’endroit organise en ce moment une journée récréative, au bénéfice d’une oeuvre artistique.
C’est dans cet esprit d’harmonie, qui devra se maintenir et se renforcer, qu’ils fêteront et se réjouiront, au long de l’après-midi et de la soirée du 20 août courant.
Détente bien méritée à laquelle sont bien cordialement invités les camarades et les jeunes des environs».

L’audace paie. La fête a lieu par un chaud dimanche 20 août 1944,à l’entrée est du village (à l’emplacement actuel du dépôt de fruits Clerc) pour le bal. Les cantines et les tables sont installées de l’autre côté de la route (sur le terrain d’André Fournier). Tout l’après-midi, de 13 à 23 heures, ce sera la fête emmenée par les airs d’époque du meilleur orchestre de la région : les deux frères Fumeaux et le fameux saxophoniste Alphonse Rapillard, tous de Conthey.
La fête est un succès, antidote à trop de privations. Le bénéfice financier mis à disposition du village s’élève à environ Fr. 1’500.-.
Les premiers fonds rassemblés, Aproz entreprend la mise sur pied d’une «société de jeunesse». Les initiateurs sont les mêmes que ceux de la fête. En janvier 1945 se tient l’assemblée constitutive : la société est composée de deux sections distinctes : une fanfare et un chœur mixte. Edouard Bornet en est élu premier président et directeur, René Géroudet est chargé de la rédaction du protocole constitutif.

D’autorité, le président donnera un nom aux groupements : la fanfare s’appelera l’Echo du Mont et le choeur mixte Le Muguet. Le destin des deux sociétés est plus ou moins lié l’espace de quelques années, puis chacune fera son bonhomme de chemin.
L’esprit d’entente qui a présidé à la création d’une «société de jeunesse» va porter d’autres fruits pour le village. D’autres idées se concrétisent à la même époque, par l’érection dune église, la création d’un cimetière, la mise en place d’un rectorat tout d’abord desservi par les Capucins, puis par le clergé diocésain.

Aproz vient de prendre conscience de son existence.

En fait Aproz chante ses messes depuis 1942 déjà. Spontanément, la direction est assurée par l’abbé Georges Crettol ou par Edouard Bornet qui animent tour à tour le groupe de villageois qui se rend à l’office en la chapelle de l’école cantonale d’agriculture, à Châteauneuf. C’est en ce lieu d’ailleurs que le nouveau choeur mixte ose sa première production officielle, le jour de Pâques 1945. Le Muguet exécute alors la messe de Ste-Anne, de Ch. Haenni. Un entrepôt désaffecté de l’entreprise Dyonisoti, à l’entrée des gorges de la Printse, abritera lui aussi les offices à partir de 1945.
Le 30 mai 1946, l’Echo du Mont baptise son drapeau dans l’enceinte de l’église d’Aproz en construction. Le Muguet l’accompagne et chante. Ce sera l’occasion d’une première photographique.

30 mai 1946, baptême du nouveau drapeau de l’écho du Mont

Les 40 ans d’existence de la société se sont passés sans trop de heurts, ni grands fracas. Aucune archive officielle n’en témoigne ce qui rend peu aisé l’énoncé historique.
Ouvrons tout de même quelques lucarnes qui sont autant de bons souvenirs pour ceux qui ont vécu ces instants.

En mars et avril 1947, le Muguet donne son premier concert annuel, à Aproz d’abord. Puis il essaime à travers Nendaz et jusqu’à Veysonnaz. La jeune société fait preuve d’une ambition de bon aloi en exécutant 8 choeurs et une large partie théâtrale. Le programme de la manifestation a survécu ; il est intéressant à plus d’un titre.

Le concert deviendra petit à petit une tradition annuelle, après quelques hésitations.
Le 4 mai 1947, Le Muguet se rend à Chalais pour participer à son premier festival sous l’égide du Groupement des chanteurs du Valais Central, association qui patronne nos chantres jusqu’en 1953 où se crée l’actuelle Union Chorale du Centre.

Le 3 mai 1959 est un grand jour pour la jeune société. Le Muguet organise son premier festival au village, en une radieuse journée pleine de soleil et de printemps. Dès 8 heures, le bourg s’anime avec l’arrivée des sociétés et la répétition du morceau d’ensemble. C’est au tour de l’église d’abriter la messe au cours de laquelle prêche le Rvd Père Yvan, puis le concert religieux.
Le cortège des 15 chorales, emmenés par les fanfares nendettes, défile entre un double rang de trois mille spectateurs en direction de la cantine installée sur le terrain des sociétés d’Aproz. Sous la grande bâche se succèdent concerts, partie officielle, banquet (un excellent boeuf à la Bourguignonne et un riz au parmesan), discours de l’abbé Crettol, alors président de la commission musicale de l’UCC et du député Innocent Vergères qui sont fort applaudis, exécution des morceaux d’ensemble, puis partie récréative.
C’est un vrai succès populaire que la presse se plaît à relever, dû aux talents d’une brochette d’organisateurs qui ont noms : Edouard, Jean et André Bornet, Louis et Georges Darioly, René Michelet, Raymond Praz, Joseph Glassey, Nestor et Daniel Fournier,

Les 3 et 4 mai 1969, Aproz accueille un deuxième festival, le 16ème organisé à l’enseigne de l’UCC. Pourtant, la règle du tournus ne désigne point Le Muguet en cette année 1969, mais plutôt la société soeur du village voisin, épinglé sur le coteau d’abricotiers : la Caecilia, de Fey, Les deux chorales concluent un pacte d’alliance momentané et organisent ensemble la grande fête, résultat d’un comité d’organisation commun présidé par M. Marc Devènes, de Fey.
La Veillée du samedi est dansante, mais ouverte par un grand concert de l’ensemble de cuivres valaisans.
La journée du dimanche est traditionnelle, dans la ligne des festivals de chant.

En 1972 la société revêt son premier costume grâce à la générosité de donateurs et de ses membres. La couleur est mise, uniforme. En 1979, la tenue des dames est changée pour se rapprocher du caraco valaisan tout en restant dans le ton.

Depuis toujours Le Muguet utilise un local de l’ancienne école du village, au centre d’Aproz. Mais la bâtisse se meurt de vétusté et, en 1980, elle est livrée à la pioche des démolisseurs, troupe de génie de l’armée. Le temps d’emménager un nouveau local dans une annexe de l’église et la société est relogée.

Aproz se met en fête dans la splendeur de mai
Pour accueillir ses hôtes : les chanteuses et chanteurs Rassemblés dans la joie, la paix et l’amitié.
On vivra d’harmonies dans nos humbles secteurs, zones où deux choeurs unis saluent leurs invités.

L’acrostiche est signée Augustin Michelet. Elle souhaite la bienvenue aux chorales du l’UCC les 4,5 et 6 mai 1973, à Aproz, pour un nouveau festival. Celui de 1969 était celui de Fey-Aproz; celui-ci est celui d’Aproz-Fey. Et l’auteur de poursuivre :

Qu’il fut d’amour ou de raison, Le mariage a bien tenu.
C’était d’ailleurs la solution
Simple et logique, fort bienvenue.

Les festivités débutent vendredi soir par un concert de la fanfare La Rosablanche. Elles se poursuivent samedi par une aubade de l’Echo du Mont et des productions du groupe folklorique Les Zachéos.

Dimanche, le Muguet reçoit la bannière des mains de la Chorale paroissiale d’Hérémence qui l’avait en garde depuis un an. Puis c’est une journée classique de festival : messe, concerts, cortège, partie officielle où discourent MM. Michel Praz, président de l’UCC, Marc Devènes, président du comité d’organisation, P,-A, Bornet, président de Nendaz. Malgré le temps maussade, c’est une réussite grâce à l’enthousiasme de plus de 800 chanteurs et musiciens.

En 1976, Le Muguet demande et obtient son admission au sein de la Fédération des sociétés de chant du Valais. Ce fait lui vaut une participation à la fête cantonale de chant de Sion, en fin mai 1977 où il se distingue en obtenant une mention excellente.
Coup de chapeau pour la prestation.